top of page

MÉDUSE AUX BOIS      Les cendres         fiction

1

La tombée de la nuit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sous la pierre humide, rouge et luisant un forficule dit perce oreille, guette immobile et déjà se prépare. Il sait que l’heure approche. La seule fréquentable pour lui. Celle où, dans  l’opacité de la nuit, il se faufilera avant de disparaître dans la moiteur d’une terre meuble. Et tandis que lentement la nuit étend son ombre le long d’un feuillage gris, suintant entre ses veines pourpres les dernières lueurs d’un jour d’hiver, un oiseau au loin prend son envol et déchire d’un cri le silence oppressant qui règne sur la forêt. Les cimes des arbres encore sont épargnées. Mais ici, tout en bas c’est déjà l’autre monde, l’irréversible, le sinueux, l’intraitable enfer. Non, pas tout à fait l’enfer, la lisière de l’enfer. Car là où nous sommes, chaque mouvement même infime, spasme de vie ou de mort, contraction d’une mâchoire animale, contorsion d’une chenille égarée, agitation dans un fourré, tout est compté, toute rumeur répertoriée, tout souffle coupé net. Pour vivre, on va plus loin. Ici, on survit. On ne peut faire que cela. Et malgré l’évidence, on ne se résout pas à partir. Quand bien même l’un d’entre nous oserait l’inconcevable, qu’adviendrait-il de lui, et du reste ? Ce qui ne tient qu’à un fil... Fil ténu, extrait de nos entrailles malades que chaque jour nous tissons avec plus de difficulté que la veille. Araignées malingres et souffreteuses aux chairs anesthésiées, prisonnières de notre propre écume, notre conscience nous dictant l’abandon et la résignation, nous attendons et nous guettons, complices impassibles de la créature terrible. Car, au-dessus de nous, par-delà les plaines et les montagnes, nous le savons bien, nous, les habitants des bas-fonds, l’œil unique guette…

Mais chut, la voici…

 

Work in progress ...

Les cendres -boucle sans paroles - Annie-France Verger
00:00 / 00:00

© 2016 by CLAIRE CENDRES DUBOIS PHOTOGRAPHER. 
 

bottom of page